A propos de la mise en ligne...

Pierre Assouline, La république des livres

La république des livres
 
16 juin 2014

 

                                         

 

L'initiative de Jean Guerreschi vaut vraiment d'être saluée. Son ancien éditeur (Julliard) pas

 

plus que son actuel éditeur (Gallimard) ont refusé de rééditer "Montée en première ligne"

 

(1989), formidable roman mettant en scène une foule de personnages saisis sur le vif en

 

juin-juillet 1914 au moment de l’attentat de Sarajevo et des semaines qui suivent. Et ce,

 

malgré l'occasion commémorative ! Aussi a-t-il décidé de le mettre progressivement en ligne,

 

chapitre après chapitre, à partir du 25 juin sur un site qu'il a créé à cet effet. Allez-y la

 

semaine prochaine, vous verrez, c'est saisissant.

 

jean-guerreschi.com

 


 https://fr-fr.facebook.com/larepubliquedeslivres

 

 

Association Victor Segalen

lundi 16 juin 2014

 

Segalen, personnage de Jean Guerreschi

L'écrivain Jean Guerreschi va publier en ligne, sur son blog, à partir du 25 juin, son roman Montée en première ligne, dans lequel Victor Segalen tient une grande place. Le roman a paru en 1988 chez Julliard, et a reçu le prix de l'Humour noir, prix de la Société des gens de lettres), mais le roman est aujourd'hui épuisé. 

 

Segalen y est présent dès le second jour, le 26 juin, et pratiquement tous les jours suivants. 

 

Voici une présentation de l'auteur : 

 

 « Le roman suit les notes du Voyage au pays du Réel avec des éléments d’Equipée. Outre mon admiration pour l’homme et pour son style, l’intérêt de sa présence pour moi dans le récit provient de ce qu’il rythme l’action par sa marche continuelle, émerveillée et douloureuse. Il est par ailleurs très loin du théâtre des opérations à venir et, en même temps, proche "du dedans" car il regarde la mort de près en la personne du Père Monbeig (la réflexion sur le cadavre est donnée dans trois versions très proches le même jour), fonctionnant ainsi comme contrepoint émotionnel et poétique du récit susceptible d’en déplacer le centre et d’y renvoyer sans cesse.

 

J’espère que le texte, qui a aujourd’hui un quart de siècle, ne décevra pas vos attentes. »

 

Publié par Ph. Postel à 15:16

 

 

http://associationvictorsegalen6.blogspot.fr/2014/06/segalen-personnage-de-jean-guerreschi.html

Giangi Régnier, Humeurs

Humeurs 2011-2013 de Giangi Régnier - Free

 

giangi.free.fr/humeurs_11-13.html

 

 

Un roman inoubliable

 

18 juin 2014

Ça m'éblouit


J'avais écrit le billet ci-dessous en juillet 2012, et je l'avais laissé inachevé.
On comprendra ci-après pourquoi je le mets, enfin, en ligne, tel quel, et seulement maintenant.



Jean Guerreschi est un romancier français qui a publié, depuis un quart de siècle, une dizaine ouvrages. J'ai eu le privilège d'en lire deux : Trio Gulliver, paru en 1995 et surtout les deux volumes de Montée en première ligne (1988) et Comme dans un berceau (1990), que je considère comme un des grands romans français de la fin du siècle dernier. Deux considérations m'amènent à avoir envie d'en parler ici maintenant : d'abord, je m'aperçois que le premier de ces deux volumes est maintenant épuisé, donc quasi introuvable, ce qui est à mes yeux un véritable scandale ; et ensuite, compte tenu du sujet de cette "dilogie", j'espère qu'on va commencer à en reparler à l'occasion du centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Alors, de quoi s'agit-il ?

Il s'agit de raconter par le menu l'existence d'une multitude de personnages pendant la durée du mois de juillet 1914, plus précisément du 25 juin au 1er août. De tous ces personnages, aucun n'a été inventé par l'auteur, du moins je le suppute, puisque tous sont, soit réels et historiques, soit issus d'autres œuvres littéraires.
Pour les premiers, on va de l'empereur François-Joseph à Raymond Poincaré, en passant par Victor Segalen, Gavrilo Princip, Rainer Maria Rilke, Henri de Monfreid, René Viviani, Nicolas II et son cousin Guillaume, ou Paul Claudel ; mais tous ne sont pas aussi célèbres, et l'on rencontre également le vainqueur d'une étape du Tour de France,
Pour les seconds, issus d'œuvres littéraires, cela mène parfois à d'intéressants jeux de piste (j'ai mis beaucoup de temps — à la deuxième lecture, je crois — à découvrir qu'un des protagonistes principaux du roman était en fait — du moins porte-t-il le même nom, et aura-t-il le même destin — un membre très secondaire d'une famille apparaissant tout au long de La vie mode d'emploi de Georges Pérec (voir l'arbre généalogique présenté p.111, et surtout page 344 du roman de GP). On note ainsi des "immigrés" venant des Hommes de bonne volonté de Jules Romain, surtout des Thibault de Roger Martin du Gard, etc.

Ces personnages, réels ou "littéraires", sont souvent introduits sous leur seul prénom : Victor (Segalen), Franz (Kafka), Camille (Claudel) ou même par leur nom entier mais peu connu (Eric Arthur Blair pour George Orwell, Ettore Schmitz pour Italo Svevo, Frédéric Sauser pour Blaise Cendrars, "RM" pour Robert Musil). Les passages mettant en scène Claudel ne parlent jamais de lui autrement que comme "Le consul de France à Hambourg". Il m'a fallu, là aussi, beaucoup de recherches pour retrouver l'identité d'un certain "Sergueï", en fait Sergueï Constantinovitch Pankejeff, "l'Homme aux loups" rendu célèbre par Freud.
Les notes en bas de page interviennent souvent comme si JG était extérieur à l'histoire qu'il raconte... L'une d'entre elles commence par : "Renseignement pris". À la phrase "Le sourire de David lorsqu'il vit que la semelle de Goliath été trouée", JG ajoute en note : "Cet épisode biblique n'est pas connu" ! Il met dans la bouche de ces personnages des phrases qu'il met ensuite en doute ou relativise dans une note ! Une autre note nous précise même, en bas de page : injure syldave !

Mais à travers ces clins d'œil et ces entrecroisements, Guerreschi montre l'implacable mécanique qui, de l'ignorance, de la stupidité, de l'arrogance, de l'aveuglement, de la vanité, de la passivité, de l'ambition de beaucoup de ces personnages, va faire des millions de morts, parmi lesquels d'ailleurs beaucoup d'entre eux...
Il y a des passages où s'entrecroisent et s'enchevêtrent deux récits indépendants, concernant des personnages complètement différents, et qui pourtant se répondent, comme en écho, rebondissants sur un mot commun, un mouvement, dynamisant le tout...
Impressionnant...


Or ma lectrice la plus fidèle, comme moi farouche admiratrice de cet ouvrage, me signale que, son éditeur refusant de rééditer son roman, Jean Guerreschi a décidé de le republier in extenso sur le net. Je le répète, c'est un scandale que ce roman, à mon sens le plus grand publié en France depuis un quart de siècle, ne soit pas réédité, même en poche !
Seule consolation, JG nous annonce l'existence d'un premier volet, Une libido d'avant-guerre (20-24 juin 1914), les deux premiers chapitres, restés inédits, de Montée en première ligne, jamais publiés. Va-t-il le publier avec le reste ? Rien ne le laisse penser, hélas...
Il faut absolument aller voir
ici.

 

 

 

(1) La mort de Jaurès est aussi décrite dans le très bel ouvrage d'Éric Vuillard, La bataille d'Occident, Actes Sud, 2012.


Gilles Guitton, Sud-Ouest des 21 et 25 juin 2014

Chloé Thibaud, Bibliobs

Tout l’été 1914 au jour le jour

 

Par BibliObs

 

Publié le 01-07-2014 à 12h26

Mis à jour le 02-07-2014 à 18h05

 

Jean Guerreschi est l’auteur d’une somme romanesque de 1400 pages, qui court du 25 juin au 31 août 1914. Comme elle n’est pas rééditée, il la met en ligne sur son site.

L'archiduc François-Ferdinand d'Autriche et son épouse Sophie Chotek quittent l'hôtel de ville de Sarajevo, juste avant leur assassinat, le 28 juin 1914. (AFP PHOTO)
L'archiduc François-Ferdinand d'Autriche et son épouse Sophie Chotek quittent l'hôtel de ville de Sarajevo, juste avant leur assassinat, le 28 juin 1914. (AFP PHOTO)

À lire sur Internet

 

 

  •         Le site de Jean Guerreschi

 

 

Il y a cent ans, le 1er juillet 1914, André Gide «traîna toute la journée un mal de tête qu'il qualifia d'‘‘humiliant’’» et «à Paris, la température atteignit 32°C, dépassant largement la moyenne saisonnière.» Ces anecdotes, on les doit à Jean Guerreschi, «écrivain mineur», «peu lu en France» et «jamais traduit à l’étranger», comme il l’écrivait lui-même en 2003 dans son auto-épitaphe pour le «Dictionnaire des écrivains par eux-mêmes» de Jérôme Garcin (Mille et une nuits, p. 206).

 

 

Il est pourtant l’auteur d’une dizaine de romans, parmi lesquels «Montée en première ligne» (Julliard, 1988) et «Comme dans un berceau» (Julliard, 1990), qui racontent quotidiennement et sans la moindre interruption les périodes allant du 25 juin au 27 juillet 1914, puis du 27 juillet au 31 août. Une fresque d’environ 1400 pages dans laquelle se rencontrent une multitude de personnages, réels ou fictifs.

 

 

Mais voilà, derrière la grande Histoire, il y a la petite. Derrière la Grande guerre, la petite bataille menée par Jean Guerreschi pour faire vivre ses ouvrages. Alors que 2014 est, comme chacun sait, l’année du centenaire de la Première Guerre mondiale, son éditeur a refusé de publier en poche ses livres, dont toutes les éditions sont aujourd’hui épuisées. Pour cette raison, l’écrivain met donc en ligne depuis le 25 juin, sur un site qu’il a spécialement créé pour l’occasion (http://www.jean-guerreschi.com), les deux premiers chapitres de «Montée en première ligne» (322 pages au total).

 

 

Certains jours, des versions anglaise (traduction d’Anna Hope) et espagnole (Ariel Dilon) seront proposées au lecteur. Guerreschi a également publié le post-scriptum de l’édition de 1988, une chronologie des passages disponibles et la liste des 132 protagonistes croisés au détour des pages, en indiquant éventuellement l’âge qu’ils avaient en 1914. Parmi eux, donc: André Gide, 45 ans, Rainer Maria Rilke, 39 ans, Segalen, 36 ans, Kafka, 31 ans, James Joyce, 32 ans ou encore le jeune Eric Arthur Blair, 11 ans, plus connu sous son nom de plume, George Orwell. Excusez du peu.

 

 

Chloé Thibaud

 

Stéphane Baillargeon, Le Devoir

Dimanche 31 janvier 2016

 

Haut du forL’Apocalypse joyeuse

1 juillet 2014 17h47 |Stéphane Baillargeon | Actualités en société

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'exposition à la Bibliothèque nationale de France

(...)

 

Un livre

 

On peut se faire une autre idée de la vie quotidienne de cette préapocalypse joyeuse avec le livre Montée en première ligne de l’écrivain français Jean Guerreschi. La somme raconte au jour le jour les événements allant du 20 juin au 31 août 1914, tout l’été, sans interruption, une fresque de quelque 1400 pages.

 

Le parpaing façonné il y a plus d’un quart de siècle a été découpé en trois sections, mais étrangement seules les deux dernières intéressèrent l’éditeur Julliard en 1988. Aucun autre ne s’est laissé tenter par la réédition malgré le centenaire de la commémoration.

 

L’auteur a donc décidé de diffuser gratuitement, sur son blogue, les deux premiers chapitres totalisant tout de même 322 pages, le post-scriptum de l’édition originale et une liste des 132 principaux protagonistes dont Rainer Maria Rilke, Kafka, Joyce et le jeune George Orwell alors âgé de 11 ans.

 

 Et alors ? Les pages du 1er juillet donnent par exemple ceci : « [André] Gide traîna toute la journée un mal de tête qu’il qualifia d'» humiliant ». Dans le train qui l’amenait à Orsay, il régnait la même chaleur écrasante qu’hier. Néanmoins, peut-être à cause de sa céphalée, ou parce qu’il n’avait aujourd’hui aucun point de comparaison dans la nature, il ne trouva pas les hommes du train aussi laids que ceux de la veille (nous écarterons l’hypothèse que les Parisiens fussent plus beaux). Du moins, il ne pensa pas à le noter. « Pourquoi je note tout cela ? » devait-il s’interroger plus tard. « Uniquement par peur d’interrompre », fut sa réponse. Il l’avait déjà écrit le 27. »

 

 Et ça continue. On apprend par exemple dans ce journal romancé de l’Europe qu’il faisait canicule là-bas il y a un siècle exactement, comme le 1er juillet 2014 de ce côté-ci de l’Atlantique Nord. « À Paris, la température atteignit 32 °C, dépassant largement la moyenne saisonnière, écrit Jean Guerreschi. On parla de chaleur « tropicale ». On recensa des insolations. La vague des noyades se poursuivit un peu partout, et, de-ci de-là̀, on vit apparaître des suicides par pendaison, en majorité́ masculins. Celui d’un homme de trente-neuf ans à Mesnil-Jourdain, d’un autre de quarante-huit ans à Quessy, d’un troisième de soixante-quatorze ans à Nouvion-et-Catillon. A Etretat, c’est un chef de cuisine qui se pendit dans sa chambre et à Lillebonne une jeune fille de dix-huit ans, prénommée Yvonne. »

 

(...)

 

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